Les technologies de défense sont en vogue en ce moment. Et nous pensons que l'engouement est justifié.

Nous pensons que le budget croissant du ministère de la défense(863 milliards de dollars pour l'exercice 24) peut soutenir de multiples résultats à l'échelle de l'entreprise, que les principales initiatives de modernisation ont jeté les bases de la transformation technologique et que le nombre et l'influence croissants des unités d'innovation au sein du ministère de la défense, ainsi que les précédents politiques favorables aux startups, permettront à ces dernières de combler le vide technologique du ministère de la défense. Plus récemment, le ministère de la défense a fait preuve d'une grande initiative pour améliorer l'efficacité par le biais de la technologie , ce qui l'obligera à travailler main dans la main avec la Silicon Valley. En fait, le DoD a proactivement indiqué les domaines qu'il cherche à prioriser - ce qui correspond donc étroitement à nos thèmes clés d'Investissements - y compris dans l'infrastructure moderne, l'opérationnalisation des données et de l'IA et les systèmes autonomes.

Pour comprendre la direction que prend la technologie de la défense, nous devons comprendre comment nous en sommes arrivés là. Dans ce billet, nous vous expliquons pourquoi nous sommes enthousiasmés par les technologies de défense, les cadres que nous utilisons pour comprendre le paysage et les thèmes que nous trouvons les plus convaincants. En outre, nous partageons avec vous une présentation plus approfondie qui a guidé notre réflexion sur la défense au sein de Battery Ventures.

Définir l'opportunité

L'opportunité est claire : le ministère de la défense dispose d'un budget énorme(863 milliards de dollars pour l'exercice 24) et dépense des milliards par an rien que pour les technologies de l'information(64 milliards de dollars pour l'exercice 24). Ce niveau de dépenses informatiques a déjà éclipsé d'autres grandes industries américaines comme le commerce de détail (51 milliards de dollars) et les transports (29 milliards de dollars) et s'approche d'autres secteurs comme l'assurance (77 milliards de dollars) et la banque (78 milliards de dollars) (source : Gartner). En outre, le budget de la défense devrait augmenter de 150 milliards de dollars dans le prochain National Defense Authorization Act (NDAA), qui est en cours d'examen au Sénat au moment où nous écrivons ces lignes.

Note : La métrique de la défense représente la demande de budget 2025 du DoD pour les activités liées aux technologies de l'information et au cyberespace. Les métriques verticales représentent les estimations de Gartner pour les dépenses informatiques totales des entreprises en 2024, à l'exclusion des dépenses en conseil et en services de processus d'entreprise. Source : Demande de budget 2025 du ministère américain de la défense, Gartner 

Avec son budget colossal, le DoD a effectivement créé les principaux maîtres d'œuvre - RTX, Lockheed Martin, Boeing, General Dynamics et Northrop Gruman - dont la capitalisation boursière collective dépasse les 500 milliards de dollars (source : Capital IQ). Toutefois, ces maîtres d'œuvre, tous fondés au début ou au milieu du siècle dernier, se sont profondément enracinés, ce qui se traduit par un manque d'innovation.

Mais le statu quo est en train de changer rapidement. Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté au succès remarquable d'une nouvelle cohorte d'entreprises ciblant le ministère de la défense comme principal acheteur, à savoir Palantir, Anduril et SpaceX. Palantir, qui est aujourd'hui la plus grande "prime" en termes de capitalisation boursière (~300 milliards de dollars), est devenue la première nouvelle entreprise de défense à rejoindre le S& P 500 au cours des 46 dernières années. Ces succès ont à la fois démontré au ministère de la défense la valeur de l'adoption de nouvelles technologies et ouvert la voie aux nombreuses nouvelles entreprises de défense que nous voyons aujourd'hui.

Source : Capital IQ au 06/04/2025

Pourquoi le vent a tourné

Le ministère de la défense semble non seulement conscient de la nécessité de se moderniser, mais il investit activement dans ce sens. Nombreux sont ceux qui considèrent que la concurrence accrue des adversaires étrangers en est le principal moteur, mais cela ne tient pas compte d'une explication plus simple : Le ministère de la défense et nos combattants sont conscients de leur retard technologique.

Par exemple : l'adoption de l'informatique dématérialisée. La migration vers l'informatique en nuage figure sur la feuille de route du ministère de la défense depuis 2012. Après une décennie de retards et de contretemps (par exemple, le procès JEDI et son annulation), le programme Joint Warfighting Cloud Capability (JWCC) a progressé en 2022 avec une approche multi-cloud alimentée par Amazon, Microsoft, Google et Oracle. Dans le monde civil, 90% des entreprises utilisaient déjà les technologies de l'informatique en nuage avant même la création du JWCC.

La technologie des drones en est un autre exemple. Nombreux sont ceux qui considèrent la guerre en Ukraine comme la première guerre moderne, étant donné que les deux parties sont techniquement avancées. Nous avons vu des drones à grand volume et à faible coût l'emporter sur des systèmes exquis et coûteux dont la quantité est plus limitée.

Au cours des cinq dernières années, le ministère de la défense a lancé plusieurs initiatives visant à moderniser sa technologie, ce que nous considérons comme un signal fort de sa volonté de permettre et d'accélérer une transformation technologique globale.

Source : JCWA, Marines Force Design, CJADC2, ADA, JWCC, Generative AI Task Force, Replicator Initiative

À l'aube de l'actuelle administration Trump, les initiatives se sont accélérées et ont fait leur chemin à la fois dans la politique et dans l'application. En décembre 2024, Roger Wicker, président de la commission des forces armées du Sénat, a présenté sa loi FORGED, qui vise à remodeler les acquisitions du ministère de la défense afin de réduire les délais d'acquisition, de permettre aux utilisateurs de prendre des décisions et de renforcer la base industrielle de l'Amérique en général. En mars 2025, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a publié ses mémos Modern Logiciel Acquisition et Modernizing Defense Acquisitions, dont les objectifs sont similaires à ceux de la proposition de loi FORGED, le premier mémo étant spécifiquement axé sur l'élimination des obstacles à la mise en place de logiciels entre les mains du personnel militaire.TT

Ces initiatives et d'autres permettent au ministère de la défense de faire progresser la gestion des batailles, d'améliorer la logistique, de fournir des capacités autonomes et d'exploiter le potentiel de l'adoption des technologies.

Les bases sont posées

Comment ces initiatives peuvent-elles se traduire en opportunités commerciales concrètes pour les entreprises commerciales ? Nous constatons que deux facteurs essentiels jettent les bases d'une collaboration entre le ministère de la défense et de jeunes entreprises pour fournir la technologie dont il a désespérément besoin.

Tout d'abord, les groupes d'innovation du ministère de la défense ont proliféré au cours de la dernière décennie, spécialement conçus pour soutenir et acquérir des technologies innovantes. Contrairement aux bureaux exécutifs de programme (PEO), ces unités d'innovation sont chargées de trouver des technologies innovantes susceptibles de jouer un rôle crucial dans les capacités futures, même si elles ne sont pas encore entièrement développées et produites pour être utilisées sur le champ de bataille aujourd'hui. Les unités d'innovation sont si nombreuses - plus de 100! - que des rumeurs laissent entendre que l'administration Trump cherche à les consolider pour maximiser l'efficacité. Nous avons également assisté à la montée en puissance de groupes extérieurs au ministère de la défense qui cherchent à jeter des ponts entre les technologies modernes et les combattants, notamment le House Defense Modernization Caucus dirigé par Rob Whitman et Pat Ryan, le Reagan National Security Innovation Base Summit de l'Institut Ronald Reagan et le Silicon Valley Defense Group.

Il convient de souligner une contribution importante du DARPA au ministère de la défense, à savoir l'introduction d'autres accords de transaction (OTA). Ces instruments contractuels souples permettent de réduire considérablement le temps nécessaire au ministère de la défense pour intégrer de nouveaux fournisseurs. Ces dernières années, l'utilisation de l'OTA s'est développée et sous-tend désormais une grande partie de l'adoption des nouvelles technologies du ministère de la défense.

Source : Defense Innovation Unit : Defense Innovation Unit, AFWERX, KesselRun, NavalX, DARPA, Defense Innovation Board, Air Force Life Cycle Management Center, Johns Hopkins Applied Physics Laboratory

Deuxièmement, d'importants précédents politiques ont été créés pour promouvoir la prise en compte des nouveaux fournisseurs dans les décisions d'achat et de construction du DoD, à savoirle procès intenté en 2015 par SpaceX contre l'USAF, le procès intenté en 2018 par Palantir contre l'armée américaine et l'annulation du programme JEDI, qui a été remplacé par le JWCC. La préférence pour les articles commerciaux du code américain(section 2377 du titre 10), qui fait partie du Federal Acquisition Streamlining Act (FASA) de 1994, exige du DoD qu'il évalue les solutions commerciales avant de construire des systèmes internes et a été, de manière importante, renforcée par le procès intenté avec succès par Palantir contre l'armée en 2018. Plus récemment, le secrétaire à la défense, Pete Hegseth, a souligné l'importance de cette loi pour les services lorsqu'ils cherchent à acquérir de nouvelles technologies.

Source : Département de la défense des États-Unis, The Washington Post

Tous ces précédents soutiennent la concurrence de nouveaux fournisseurs sur le marché de la défense. Aucun contrat n'illustre peut-être mieux ces progrès que l'accord de 260 millions de dollars récemment remporté par Red Cat, un fabricant de drones basé dans l'Utah et relativement peu connu à l'époque, pour la livraison d'environ 6 000 drones à l'armée de terre.

Il est important de noter que le ministère de la défense a déjà l'habitude de travailler avec des fournisseurs tiers pour atteindre ses objectifs. L'année dernière, 58% du budget du ministère de la défense ont été consacrés à des fournisseurs tiers. Alors que ces dépenses ont toujours été axées sur les services, nous nous attendons à ce qu'elles deviennent de plus en plus axées sur les logiciels à mesure que les capacités techniques dont le DoD a besoin deviendront plus spécialisées et plus avancées.

Cadres pour la défense Logiciel paysage

Afin de cerner l'ampleur et la diversité de l'écosystème des technologies de défense, nous utilisons un cadre de catégorisation fondé sur deux critères essentiels : l' orientation vers le marché final et le mécanisme d'engagement de l' utilisateur.

Marché final ciblé. Les entreprises de défense peuvent être classées en deux catégories :

1. Usage unique: ces entreprises ne vendent leurs produits qu'au gouvernement et à la défense.
2. Double usage: ces entreprises vendent leurs produits principalement aux gouvernements et à la défense, mais aussi au secteur commercial.

Mécanisme d'engagement des utilisateurs. Les utilisateurs peuvent s'engager dans la défense du logiciel de trois manières principales :

1. Exécution de flux de travail: Ces produits sont les plus similaires à la couche d'application verticale Logiciel, qui est conçue comme un système d'enregistrement et d'exécution des flux de travail.
2. Aide à la décision fondée sur les données: Ces produits exploitent les données des systèmes existants pour éclairer la prise de décision et l'analyse.
3. Soutien à l'infrastructure: Ces produits constituent l'infrastructure de base qui soutient les autres applications et systèmes utilisés par le personnel militaire.

Voici une vue non exhaustive du paysage des logiciels de défense émergents sur la base de ces critères. Comme vous le voyez ci-dessous, l'IA peut être intégrée dans l'ensemble de la pile. De nombreuses entreprises spécialisées dans les couches d'infrastructure ont été créées pour prendre en charge les applications d'IA ; les plateformes d'aide à la décision tirent parti de la vision artificielle pour la connaissance de la situation ; et de nombreuses applications de flux de travail utilisent les LLM pour automatiser le "travail à faire" de l'utilisateur final.

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Thèmes émergents dans les technologies de défense

Nous nous concentrons sur quatre thèmes émergents qui s'inscrivent dans le cadre des efforts de modernisation technologique du DoD que le secrétaire Hegseth et d'autres ont définis pour le département.

1. Une infrastructure moderne

Nous pensons qu'il est essentiel pour le DoD d'adopter une technologie/infra logicielle moderne pour soutenir les applications modernes et l'IA. Cela comprend la sécurité, la surveillance et l'observabilité, les données et le stockage, les modèles de fondation ainsi que les capacités de périphérie. L'un des plus grands défis pour l'adoption de Logiciel DoD est que de nombreux cas d'utilisation de la défense nécessitent une sécurité maximale, un support pour les environnements périphériques ou aériens, ou les deux à la fois.

En ce qui concerne la sécurité, Wraithwatch fournit des systèmes d'intelligence artificielle qui explorent les vulnérabilités des systèmes et les stratégies d'attaque afin de développer des stratégies de sécurité défensives proactives. Un autre exemple est celui de Second Front*, dont la plateforme DevSecOps aide les entreprises à rationaliser les processus de développement et d'accréditation des logiciels déployés au sein du DoD.

2. Opérationnaliser les données & AI

Nous pensons que le DoD doit adopter des technologies qui exploitent les données à travers les systèmes et permettent le déploiement évolutif de l'IA pour l'analyse, la prise de décision éclairée et l'automatisation. Le DoD gère actuellement une grande quantité de données de différents types (structurées, non structurées, géospatiales, séries chronologiques, etc.) qui sont interdépartementales et interapplicatives. Pour exploiter efficacement ces données et réaliser le potentiel de l'IA, de nouveaux systèmes seront nécessaires.

Par exemple, Vannevar Labs analyse de grands volumes de données multilingues provenant de sources multiples (données de reconnaissance de première partie, flux de données de source ouverte, etc.) pour aider le ministère de la défense à analyser et à évaluer les menaces. Un autre exemple est Shift5, qui extrait élégamment les données désordonnées des anciens systèmes matériels, les transforme et exécute une pile d'observabilité sur les données à des fins de cybersécurité, de maintenance prédictive et autres.

3. Systèmes autonomes

Les technologies autonomes ont le potentiel de devenir l'avenir de la guerre avancée en raison de l'amélioration de la sécurité et de l'atténuation des risques, de la rentabilité et de l'amélioration de l'efficacité opérationnelle. Le ministère de la défense a manifesté son intérêt pour les technologies autonomes et s'est concentré sur celles-ci dans le cadre de plusieurs initiatives telles que la feuille de route sur les systèmes sans pilote, l'initiative Replicator (2023) et la conception de la force des Marines à l'horizon 2030. Nous pensons que les entreprises qui facilitent le fonctionnement des systèmes autonomes - que ce soit par l'interopérabilité des systèmes, les capacités d'intégration de données multimodales, les systèmes d'interaction homme-machine ou les capacités de calcul en périphérie - seront essentielles à cette transformation.

Par exemple, PicoGrid fournit une plateforme unifiée pour connecter des données, commander et contrôler des systèmes autonomes et des capteurs à grande échelle.

4. Applications de flux de travail &

Enfin, nous pensons que le DoD utilise actuellement d'anciens logiciels, des constructions internes ou des processus manuels pour de nombreux flux de travail qui peuvent être considérablement rationalisés avec des logiciels modernes, à l'instar de ce que nous avons vu dans les logiciels d'entreprise au cours des 20 dernières années.

L'un des vecteurs de ce thème est le remplacement des anciennes constructions internes - par exemple, OpsLab fournit une plateforme de gestion des actifs à l'armée de l'air pour superviser sa flotte aérienne, remplaçant l'utilisation d'une solution interne vieille de plusieurs dizaines d'années dont la maintenance est assurée par des sous-traitants.

Un autre vecteur est le remplacement des solutions horizontales par des logiciels verticalisés spécialement conçus pour la défense. Par exemple, OneBrief*, une société qui fournit un logiciel de planification de mission collaborative utilisé par toute la chaîne de commandement, remplace l'utilisation de documents PowerPoint et Word, ce qui permet au DoD de travailler en collaboration et de manière plus efficace.

Battery se réjouit de soutenir l'écosystème des technologies de défense

Nous sommes très enthousiastes quant à l'innovation qui se produit dans le domaine de la défense et aux vents contraires du marché qui, selon nous, l'accéléreront. Battery n'est pas étranger à la technologie de la défense. Nous avons réalisé nos premiers investissements dans le domaine de la défense en Insitu*, un pionnier dans le domaine des petits avions tactiques sans pilote. Fondée en 1994, la société a été rachetée par Boeing en 2008. Plus récemment, en 2024, nous avons annoncé nos investissements de série C dans Second Front*, une société qui aide les entreprises de logiciels à accréditer, déployer et surveiller les logiciels sur les réseaux du ministère de la défense, et la semaine dernière, nous avons annoncé nos investissements dans Onebrief*, qui contribue à accélérer la planification militaire en améliorant la collaboration.

Si vous êtes le fondateur de la prochaine grande entreprise de logiciels technologiques de défense, envoyez un courriel à michael@battery.com et aneil@battery.com. Nous serions ravis de discuter avec vous.

Vous pouvez également télécharger la présentation complète de notre thèse sur les technologies de défense, qui explique pourquoi nous sommes enthousiasmés par les technologies de défense, les cadres d'investissement et l'expertise de Battery dans ce domaine :